Animer et collaborer

NOTE : Le contenu de cette page et les capsules vidéo qui y sont résumées sont tirés de la formation J’enseigne à distance de la Téluq.

Collaborer à distance

L’apprentissage collaboratif consiste à construire collectivement des connaissances dans une perspective d’apprentissage social. 

Pour quiconque voit la connaissance comme un savoir qui se construit de façon active, et non comme l’acquisition passive d’un savoir transmis, l’apprentissage collaboratif devient une démarche privilégiée de négociation de sens et de validation de ses idées. 

En travail collaboratif, les étudiant.e.s sont appelés à communiquer, s’écouter, s’exprimer, partager et se donner de la rétroaction.

Chaque membre a une responsabilité envers le groupe et la tâche d’un membre est fonction de celle des autres. Cette interdépendance positive entre les coéquipiers peut contribuer à la cohésion du groupe en favorisant le sentiment d’appartenance, la stabilité, la satisfaction et une communication efficace. 

L’apprentissage collaboratif comporte des vertus aux plans pédagogique, social et psychologique.

Au plan pédagogique, la collaboration favorise un apprentissage en profondeur et le développement de :

  • La pensée critique et des compétences permettant la résolution de problèmes; 
  • L‘engagement dans la démarche d’apprentissage; 
  • L’indépendance et de l’autonomie; 
  • Les compétences professionnelles suivantes :
    • Exprimer clairement ses idées
    • Travailler en équipe
    • Participer activement à une initiative commune
    • Assumer une part de responsabilité de la réalisation finale
    • Interagir en ligne
    • Gérer un projet
  • Certaines habiletés communicationnelles;
  • Certaines habiletés de cocréation;
  • La capacité à dégager des significations communes à partir d’informations différentes.

Au plan social, l’apprentissage collaboratif offre :

  • Un réseau de soutien; 
  • L’accès à une gamme de perspectives différentes; 
  • Un climat propice à la critique des idées et non des personnes; 
  • Une occasion de développer des compétences sociétales; 
  • Un lieu de pratique de l’exercice du leadership; 
  • Un contexte propice au renforcement des liens entre pairs; 
  • Une approche pédagogique centrée sur l’étudiant.e.

Au plan psychologique, l’apprentissage collaboratif peut contribuer à : 

  • Augmenter la confiance en soi; 
  • Réduire l’anxiété; 
  • Favoriser l’adoption d’attitudes positives à l’égard des enseignant.e.s;
  • Vaincre le sentiment d’isolement.

Défis de la collaboration

La collaboration amène un certain nombre de défis. Plusieurs de ces défis sont en lien avec les dynamiques de travail qui se créent par la combinaison des rôles que les membres adoptent. Connaitre ces rôles et les exposer aux étudiant.e.s permet de prévenir certains problèmes et de faciliter les interventions.

Astuces et solutions

Conseils pratiques en résumé

Pour favoriser le bon fonctionnement des équipes :

  • Prévoir du temps pour que les étudiant.e.s fassent connaissance et leur donner du temps pour échanger;
  • Proposer une activité brise-glace et prévoir une rencontre avec l’enseignant.e;
  • Prévoir régulièrement des périodes d’échange pour travailler la cohésion du groupe et développer le sentiment d’appartenance;
  • Sensibiliser les étudiant.e.s à la culture collaborative;
  • Insister sur les responsabilités, la participation active et l’entraide;
  • Présenter les défis d’un travail collaboratif;
  • Proposer des méthodes de travail et des technologies facilitant la collaboration.
  • Proposer un contrat de collaboration formulant un engagement au regard de la productivité et du respect des idées et des personnes;
  • Expliquer les trois formes de régulation permettant de présenter sa pensée, de participer aux productions, aux apprentissages et aux discussions ainsi qu’à la régulation des activités :
      • Autorégulation : prise en main par l’étudiant.e de son apprentissage
      • Corégulation : soutien entre membres d’un groupe afin que chacun prenne en main ses apprentissages
      • Régulation partagée : prise en main de l’apprentissage par le groupe
  • Proposer des outils de régulation;
  • Proposer l’adoption formelle d’objectifs d’équipe et la formulation d’une vision commune de la tâche;
  • Inviter les étudiant.e.s à se responsabiliser en ce qui a trait à leur contribution dans la tâche à accomplir. 

Pour accompagner les étudiant.e.s dans leur démarche d’apprentissage :

  • Adopter un rôle de facilitateur plutôt qu’un rôle de magistral;
  • Laisser l’espace nécessaire à l’interaction et à la collaboration (encadrer, corriger le tir, cibler les éléments importants, les aider à faire des synthèses);
  • Amener les étudiant.e.s à développer leur pensée critique, leur créativité et leurs habitudes de résolution de problèmes;
  • Inciter les étudiant.e.s à laisser des traces des échanges entre les membres de leur équipe et de l’évolution de la pensée collective;
  • Encourager les étudiant.e.s à se doter d’un langage commun. 

Pour aider les étudiant.e.s à persévérer :

  • Offrir une vitrine pour mettre le travail des équipes en valeur (création vidéo, écriture collaborative, création de signets partagés, carte heuristique); 
  • Préciser que l’ensemble du processus sera évalué et non seulement le produit final;
  • Prévoir une évaluation individuelle et d’équipe;
  • Combiner différents modes d’évaluation individuelle (autoévaluation, évaluation par les pairs et évaluation de l’enseignant.e).

Encourager le dialogue en mode asynchrone

Renforcer le sentiment d’appartenance

En mode asynchrone, les interventions dans les canaux de communication du cours (forums, fils de discussion, annonces, flux d’information, etc.) sont révélatrices du sentiment d’appartenance à la communauté d’apprentissage développé dans le groupe. Il convient d’être attentif aux différents indicateurs de présence afin de stimuler ou de relancer les interactions.

  • Expression des émotions;
  • Projection de soi;
  • Libre expression;
  • Autodivulgation;
  • Camaraderie;
  • Bonne humeur.
  • Confrontation;
  • Délibération;
  • Négociation;
  • Ajustement mutuel.
  • Animation;
  • Modération;
  • Coordination.

Promouvoir les interactions riches

L’acronyme TIGRE présente une liste des qualités d’une communication riche et efficace. Cet acronyme peut devenir une référence commune pour les membres d’un groupe.

  • T : Dans un forum de discussion, donner un titre révélateur du contenu du message permet aux étudiant.e.s de mieux analyser le contenu et d’orienter leur lecture.
  • I : Dans un fil de discussion, on doit établir un lien clair entre les interventions. Il faut « écouter » ce que les autres disent et s’appuyer sur leur propos en citant textuellement les passages retenus.
  • G : Les contributions devraient générer des discussions, approfondir un sujet et rendre explicites les nouvelles questions posées.
  • R : La relecture à voix haute permet de s’assurer que le message est bien rédigé. La division en paragraphes, l’utilisation de la surbrillance, de puces et de couleurs permettent de gagner en lisibilité.
  • E : Les interventions devraient enrichir la discussion et éviter de répéter des idées déjà exprimées.

Animer en mode asynchrone

L’asynchronisme offre de la flexibilité puisque l’étudiant.e peut consulter les contenus et réaliser les activités d’apprentissage au moment qui lui convient. Le travail en collaboration impose certaines limites à cette flexibilité temporelle puisque les interactions entre les membres du groupe deviennent essentielles à la construction individuelle et collective des connaissances. 

Dans ce contexte, la présence pédagogique de l’enseignant.e joue un rôle crucial dans le succès de la collaboration. Cette présence se manifeste par la prise en charge des fonctions d’animation, de modération et de coordination.

  • Trouver un juste équilibre entre les étudiant.e.s les plus stimulés, engagés et passionnés, et ceux qui ont peu d’intérêt;
  • Jauger le climat établi dans le groupe pour rétablir l’équilibre;
  • Prendre en compte que certains étudiant.e.s interviendront plus fréquemment et rapidement, d’autres attendront à la dernière minute pour le faire.
  • Ajuster certaines affirmations formulées par les étudiant.e.s;
  • Gérer les propos inappropriés;
  • Recentrer de la discussion vers les notions du cours;
  • Définir et rappeler le protocole pour les interactions;
  • Gérer les conflits dans les équipes;
  • Réaliser une synthèse des notions vues durant le cours;
  • Formuler une conclusion permettant de consolider les apprentissages.
  • Assurer le bon déroulement de la discussion à l’intérieur d’un cadre d’organisation;
  • Paramétrer les groupes dans la plateforme de diffusion;
  • Créer et configurer les espaces d’interaction;
  • Formuler et rappeler les consignes et les critères d’évaluation;
  • Faire respecter le calendrier de remise des travaux;
  • Assigner des rôles aux étudiant.e.s;
  • Faire le suivi des étudiant.e.s;
  • Matérialiser le design pédagogique entourant la dynamique de collaboration entre les membres du groupe.

Animer une classe virtuelle

Planifier pour favoriser le dialogue

Lorsque des classes virtuelles en mode synchrone sont rigoureusement planifiées, l’enseignant.e y présente le contenu du cours, y encourage des échanges oraux riches et pertinents et y accompagne efficacement les étudiant.e.s. Avec la distance, il est primordial de repenser le déroulement d’un cours, notamment en tenant compte de la difficulté de maintenir l’attention sur le contenu pendant toute la durée d’un cours. Créer des moments pour susciter le dialogue permet de créer un rythme et de maintenir les étudiant.e.s.

  • Organiser la structure selon l’approche pédagogique privilégiée (ex. : classe inversée);
  • Rendre des ressources disponibles sur le site du cours (vidéos, lectures, capsules audios) avant le cours (pour préparer l’entrée en matière) et après le cours (pour approfondir les apprentissages réalisés);
  • Fournir un déroulement du cours pour faciliter l’exploration des éléments essentiels;
  • Privilégier les échanges entre les étudiant.e.s et consolider les apprentissages par les interventions de l’enseignant.e.
  • Tenir compte de la durée optimale pour une classe virtuelle : entre 60 et 90 minutes;
  • Organiser les classes virtuelles de manière à encourager la participation active des étudiant.e.s;
  • S’approprier l’outil de classe virtuelle (partage d’écran, tableau blanc, création de sous-groupes) pour animer efficacement;
  • Former les étudiant.e.s aux fonctionnalités mises à leur disposition pour favoriser la participation;
  • Formaliser les composantes pédagogiques : objectifs, méthodes, contenus, activités, types de support;
  • Créer une dynamique interactive par des débats, des questionnements, des présentations et des expressions orales;
  • Établir un plan schématique de la séance comprenant les points abordés, les temps consacrés à chacun et les stratégies d’animation;
  • Offrir un support visuel permettant aux étudiant.e.s de suivre le rythme de la classe virtuelle, de maintenir leur attention et de s’approprier le contenu;
  • Assurer une homogénéité dans le contenu :
      • Privilégier les images, les schémas et les graphiques pertinents
      • Se limiter à 4 points par diapositives avec des phrases de 6 à 8 mots.
  • Sécuriser les étudiant.e.s;
  • Encourager et valoriser leur participation;
  • Établir certaines règles pour un déroulement optimal de la séance (Nétiquette);
  • Porter une attention à la répartition du temps de parole entre les étudiant.e.s;
  • Poser des questions de différents types durant le cours (question ouverte, à choix de réponse, vrai ou faux) et permettre les réponses anonymes et par écrit;
  • Faire des liens entre le contenu des interventions et la progression de la classe;
  • Synthétiser et reformuler les réponses des étudiant.e.s.

Scénariser l’interaction

Il n’est pas toujours évident et naturel pour un étudiant.e de s’engager dans une dynamique d’interactions en classe virtuelle. La création de scénarios susceptibles de stimuler les interactions entre pairs et la collaboration facilite cet engagement.

Un scénario de base peut se résumer en trois étapes et oriente le travail de scénarisation : 

Chaque étudiant.e doit explorer le contenu proposé (vidéos, lectures, capsules audios, etc.) pour se l’approprier.

  • Orienter l’appropriation du contenu par des objectifs ou des indications sur les éléments à retenir;
  • Annoncer les étapes et les tâches suivantes;
  • Encourager la prise de notes de questions et de réflexions que le contenu a suscitées, des liens avec les connaissances déjà acquises, des points d’incompréhension (fournir un modèle de document de notes personnelles).
  • Prévoir une rencontre d’équipe avant ou au début de la classe virtuelle pour amener les membres à discuter des points clés du contenu;
  • Donner une tâche plus complexe à réaliser en équipe;
  • Attribuer un rôle de rapporteur à un membre par équipe pour qu’il présente les conclusions de son équipe dans la séance plénière. Cette responsabilité devrait être attribuée à tour de rôle pour chaque séance afin de favoriser une participation équitable de tous les membres. 

Pour les rencontres d’équipe durant la classe virtuelle dans LÉA – Classe à distance, l’enseignant.e peut utiliser la fonctionnalité de création de sous-groupes afin de scinder l’ensemble de la classe et d’assigner à chaque équipe un espace privé d’interaction. Il pourra alors « se promener » entre les groupes pour assurer le suivi, répondre aux questions, aider à la résolution de problèmes, etc. 

Pour les rencontres d’équipe durant la classe virtuelle dans Teams de classe, l’enseignant.e pourra assigner un canal à chaque équipe et passer d’un canal à l’autre pour superviser les échanges. Chaque équipe pourra laisser les traces écrites de son travail et l’enregistrement de la rencontre dans le canal qui lui est attribué.

  • Établir un ordre d’intervention des rapporteurs de chaque équipe en fonction des objectifs poursuivis en sous-groupes;
  • Mettre en valeur les éléments clés de chaque intervention, synthétiser les interventions, reformuler ou apporter des précisions;
  • Permettre aux autres membres de l’équipe de compléter;
  • Permettre aux membres des autres équipes de poser des questions ou de commenter.

Animer en mode synchrone : trois rôles à assumer

                          Animation

L’animation vise à favoriser l’interaction et à encourager la participation équitable du plus grand nombre d’étudiant.e.s.

Pour cela, il est utile de reconnaitre les différents types d’étudiant.e.s et leur rapport à l’interaction : introvertis, verbomoteurs, provocateurs, sans opinion, leader, etc.

L’animation prévoit un équilibre du droit de parole et l’intégration du plus grand nombre de personnes à la dynamique interactionnelle.

                         Modération

La modération consiste à réguler les manières d’interagir pendant la classe virtuelle. 

L’objectif est de maintenir les tensions uniquement sur le plan cognitif et d’éviter qu’elles débordent sur les dimensions personnelle et sociale.

Par exemple, on peut apporter des nuances, atténuer certains propos, tempérer les excès, assurer l’équilibre des forces, encourager les étudiant.e.s à moduler leurs jugements de valeur et à contrôler leurs réactions.

                         Coordination

La coordination comprend :

  • La définition d’un cadre commun de travail;
  • L’organisation des activités à réaliser lors de la séance de classe virtuelle;
  • L’incitation à échanger entre les membres du groupe.

Il s’agit d’assurer le respect du plan établi et de la progression dans le programme.

Zone Cégep Drummond